Le mercredi 7 février, nos élèves en spécialité SES ont rencontré l’économiste Thomas PORCHER, auteur de Mon dictionnaire de l’économie. Rencontre rendue possible par l’initiative d’Emmanuelle LAURENS, professeure de Sciences Économiques et Sociales.
Impressions à chaud et traces plus pérennes sont ici mises en mots par trois élèves de terminale, que nous remercions, tout autant que l’intervenant, de nous avoir partagé quelques-unes des idées qui les animent et qui ont été débattues avec intérêt !
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Élèves de spécialité de SES en première et terminale, nous avons eu le plaisir de recevoir l’économiste Thomas Porcher, afin de pouvoir discuter de son nouvel ouvrage, intitulé Mon Dictionnaire de l’économie.
Au préalable, nous avions étudié son travail en lisant ce dictionnaire et en dégageant les points qu’il nous semblait intéressant d’approfondir avec lui. Ce temps d’échange nous a donné l’occasion, dans un premier temps, de discuter avec un spécialiste renommé, rendant plus concrète la discipline que nous étudions depuis plusieurs années. Dans un second temps, nous avons pu comprendre les motivations de son travail d’écriture et avoir un aperçu de ce qu’il entend être important dans l’économie actuelle, à travers le support classique et intemporel qu’est le dictionnaire.
Il nous a en effet livré que l’économie est souvent perçue comme une science dure alors qu’elle est, selon lui, une science humaine, ce qui implique donc qu’il n’y ait pas de vérité absolue dans ce domaine. Cette perception erronée conduit les économistes à ne pas aller assez au-delà des études et des résultats obtenus. Selon M. Porcher, l’économiste devrait mettre un point d’honneur à recontextualiser ses résultats dans la société actuelle, prenant en compte les nouvelles avancées et manières de penser.
On peut retrouver dans son ouvrage à la fois des notions qui sont au cœur de l’économie depuis toujours, et d’autres qui nécessitent d’être définies et approfondies au vu des évolutions sociétales.
Nous avons par exemple échangé sur la notion de dette publique, dont l’étude a persisté au fil du temps. Les nombreux débats médiatiques laissent voir une inquiétude commune au sein de l’opinion publique concernant la gestion de ces dettes, dont l’importance ne cesse de s’accroitre. En discutant avec lui, nous avons pris conscience que ces inquiétudes ne sont pas fondées. En effet, à partir du moment où la dette de notre pays s’inscrit dans la même progression que les dettes voisines, alors ce processus n’a rien d’alarmant. Nous avons ainsi compris que cette notion n’est pas toujours abordée sous le bon angle, participant à la propagation d’idées préconçues. Cette propagation est d’autant plus importante dans le contexte d’émergence de la numérisation et de l’avènement des réseaux sociaux. Cela fait écho au concept de métaverse qui met en avant les défis naissants induits par le numérique. Notion dont nous avons pu discuter, ce qui nous a permis de cerner ses dangers et ses répercussions au sein de notre société et particulièrement sur les liens sociaux.
Cette conférence nous a ainsi permis de découvrir l’économie sous un autre angle et nous a incités à réfléchir aux défis futurs auxquels elle se confrontera. Elle nous a également confortées dans nos choix d’orientation pour les années à venir.
Anaïs Latour et Louise Marsollier
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La conférence de Thomas Porcher a débuté par une réflexion sur la nature de la science économique, qu’il a qualifiée de science humaine plutôt que de science exacte. Il a remis en question la pensée néoclassique en soulignant l’importance de débattre et d’ouvrir des discussions, tant sur le plan économique que politique.
L’économiste identifie trois objectifs fondamentaux dans son approche : comprendre, se positionner et débattre. Il a insisté sur la nécessité de remettre en cause les idées reçues véhiculées par les médias et les réseaux sociaux, soulignant l’évolution rapide des vérités établies au cours des dix dernières années.
La discussion s’est ensuite tournée vers le métaverse, avec Thomas Porcher se questionnant sur son statut de prolongement du réel ou de moyen de découvrir le monde. Le métaverse a été décrit comme une réalité étrangère et out of touch. L’intervenant a souligné les dangers du temps d’écran excessif, mettant en lumière la dichotomie entre l’espace virtuel et le monde réel. La régulation de TikTok en Chine a été évoquée comme exemple. Concernant l’intelligence artificielle qui devient de plus en plus un sujet de forts et intenses débats, Thomas Porcher a mis en garde contre la passivité intellectuelle face à son utilisation. Il a plaidé pour le défi de l’IA et le maintien d’un processus de réflexion actif.
Le biais intergénérationnel dans la pensée économique, soulignant l’importance de maintenir une vision objective malgré les influences sociales, a également été traité. Son ouvrage Le dictionnaire de l’économie étant destiné à casser les idées préconçues, il n’est pas étonnant que l’économiste soit si sensible à cet enjeu. Il a pris l’exemple du Venezuela pour illustrer comment la sensibilité ne devrait pas altérer la vision du réel.
Thomas Porcher a également discuté de la politique économique française, évoquant la question du Frexit. Il a souligné les critiques émergentes tout en notant que la jeunesse reste en faveur de l’UE, ce qui pourrait influencer les futures élections. La conférence a couvert divers sujets tels que la dette publique, l’égalité des chances, les énergies renouvelables, le revenu universel, l’actionnariat, l’écologie et la relation entre l’Occident et l’Orient. Thomas Porcher a enfin plaidé en faveur d’une croissance verte plus exigeante et a questionné pourquoi la décroissance n’était pas davantage enseignée.
En conclusion, la conférence de Thomas Porcher a abordé un large éventail de sujets économiques et sociaux, incitant à la réflexion et au débat sur les défis contemporains, nécessaires en particulier dans un contexte challengeant chez les jeunes l’esprit critique, le pragmatisme sur les sujets sociétaux et économiques actuels et une certaine prise de conscience sur le monde qui serait le nôtre.
Cette conférence était enrichissante et agréable, car elle a laissé la parole aux élèves. Cela a orienté le débat sur des enjeux qui sont chers à notre génération. De plus, le fait de s’éloigner du cadre scolaire et théorique du cours de SES, qui reste extrêmement balisé par les programmes stricts de l’Éducation Nationale, était particulièrement agréable et apprécié de ma part.
À titre plus personnel, j’ai pu profiter d’un enrichissement nécessaire à la construction de ma pensée. En effet, Monsieur Porcher porte un regard singulier sur l’économie qui s’éloigne des théories traditionnelles et conceptuelles, ce qui a permis de mettre en perspective non seulement mes connaissances et mes opinions personnelles, mais également ce que j’ignorais. L’échange était donc challengeant mentalement. De plus, l’économiste, n’hésitant pas à s’attaquer à des sujets particulièrement sensibles, a rendu l’échange plaisant. C’était rafraîchissant et extrêmement agréable pour moi ! Sa pédagogie m’a beaucoup plu et j’ai apprécié son franc-parler et son expertise. J’ai appris de nombreuses choses ou conforté bon nombre de mes opinions ou connaissances. J’aurais cependant souhaité que l’échange soit plus long !
Je remercie le corps enseignant de nous avoir permis de rencontrer Thomas Porcher et de nous avoir encouragés à aller plus loin dans notre réflexion.
Astrid Fournier Coupechoux